L'opposition togolaise monte le ton après l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution et la prestation de serment de Faure Gnassingbé. Dans une déclaration publique, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) appelle à la mobilisation et conteste la légitimité du nouveau régime parlementaire.

Les responsables de la DMP, regroupement de partis d'opposition, prennent la parole devant la presse. Le message, sans ambiguïté, est un refus total des récents bouleversements institutionnels. Quelques heures plus tôt, Faure Gnassingbé a prêté serment en tant que Président du Conseil, désormais au sommet du pouvoir exécutif dans le nouveau système parlementaire. Pour la DMP, ce basculement est une rupture avec le principe de souveraineté populaire. « Ce 3 mai 2025 marque une nouvelle étape du coup d'État constitutionnel enclenché par le régime », lance la Conférence des présidents de la coalition.

Le congrès parlementaire qui s'est réuni ce jour-là, et qui a rassemblé députés et sénateurs, n’a selon eux aucune légitimité pour élire un chef de l'État. Ce rôle revient, rappellent-ils, au peuple. Depuis l'annonce de la réforme constitutionnelle, plusieurs voix dans l'opposition craignaient une manœuvre pour maintenir Faure Gnassingbé à la tête du pays, au-delà des limites imposées auparavant. Pour la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), le doute n'est plus permis. En installant un Président de la République vidé de ses fonctions réelles et en s'arrogeant le poste de Président du Conseil, Faure Gnassingbé renforcerait son contrôle sur les institutions. « Cette République, ils veulent la transformer en monarchie », affirme un responsable de la DMP, en référence à l'histoire politique de la famille Gnassingbé, au pouvoir depuis 1967.

L'ancienne ministre des Armées, Essossimna Marguerite Gnakadé, proche du pouvoir et apparentée à la famille présidentielle, a pris publiquement ses distances. Dans une tribune diffusée la veille, elle déclarait que « le Togo a besoin d'un nouveau départ sans Faure Gnassingbé pour enfin construire une République au service de nous tous. » Une déclaration que la DMP salue comme un acte de courage.

La coalition appelle désormais à la résistance. Elle invoque l’article 150 de la Constitution de 1992, toujours revendiquée comme base légale par une partie de l’opposition. Le texte stipule que « En cas de coup d’État, tout citoyen a le droit et le devoir de résister par tous les moyens. » Dès ce dimanche 4 mai, une grande réunion est prévue en collaboration avec d'autres forces politiques comme l'ANC, le FDR, ainsi que des organisations de la société civile. Une marche nationale est également annoncée pour le samedi 17 mai.

En parallèle, la DMP s'adresse aux instances internationales. Elle invite l'Union africaine, la CEDEAO et les partenaires extérieurs à réagir face à ce qu'elle décrit comme une dérive autoritaire. Une référence directe à 2005, lorsque les troubles post-électoraux avaient entraîné une vague de condamnations à l'échelle régionale et mondiale. Alors que le nouveau régime parlementaire prend forme, avec un président sans pouvoir réel et un exécutif concentré entre les mains d'un seul homme, la fracture politique semble se creuser encore davantage. Pour l'opposition, le combat ne fait que commencer.