L’opération « Safe Wheels », coordonnée par INTERPOL dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest, a permis de repérer environ 150 véhicules volés. Plus de 75 ont été saisis en deux semaines.

 Du Bénin au Nigéria, en passant par le Cap-Vert ou encore la Côte d’Ivoire, les contrôles se sont multipliés sur les routes et dans les ports. Entre le 17 et le 30 mars 2025, 12 600 véhicules ont été inspectés. À chaque barrage, les forces de l’ordre vérifiaient les plaques, les numéros de châssis, les documents. L’opération consiste à repérer les véhicules volés et démanteler les réseaux derrière ce trafic. Les résultats sont significatifs. 150 véhicules volés détectés, 75 saisis, 18 enquêtes ouvertes, et deux groupes criminels identifiés. C’est le bilan de cette opération régionale baptisée « Safe Wheels », menée sous la houlette d’INTERPOL, avec le soutien du gouvernement du Canada.

Une grande partie des véhicules volés identifiés provenaient du Canada. D'autres avaient été signalés comme dérobés en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas. À Lagos, les douaniers nigérians ont inspecté plusieurs conteneurs arrivés par voie maritime. À l’intérieur, six véhicules, dont quatre portaient des traces d'effraction. Les recherches dans la base de données mondiale d’INTERPOL ont confirmé qu’ils avaient été volés au Canada en 2024. David Caunter, directeur de la criminalité organisée à INTERPOL, souligne la portée mondiale du phénomène. « Le vol n’est souvent qu’un point de départ. Ces véhicules voyagent à travers le monde, échangés contre de la drogue ou d'autres produits illicites. Ce commerce alimente le crime organisé, parfois même le terrorisme.»

Chaque véhicule contrôlé était comparé à la base SMV d’INTERPOL (Stolen Motor Vehicles). Elle regroupe les signalements de vols transmis par les polices des 196 pays membres. En 2024, cette base a permis de retrouver environ 270 000 véhicules volés à l’échelle mondiale. Durant les deux semaines d’opération, les équipes de terrain ont pu compter sur l’appui de neuf experts d’INTERPOL, dont un venu du Canada. Présents dans plusieurs pays tels que le  Bénin, le Ghana,le Togo et autres, ils ont appuyé les forces locales sur les procédures de vérification et les techniques d’identification. « Safe Wheels » est une plateforme créée dans le cadre du projet « Drive Out ». Un partenariat lancé en 2024 entre INTERPOL et le gouvernement canadien pour lutter contre le trafic international de véhicules et de pièces détachées. Les pays participants à l’opération sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Togo.

Un trafic aux ramifications multiples

Les véhicules saisis étaient majoritairement des modèles Toyota, suivis de Peugeot et de Honda. Ils arrivaient aussi bien par la mer que par la route. Certains étaient dissimulés dans des conteneurs, d’autres circulaient librement, parfois avec de faux papiers. Pour INTERPOL, ces résultats confirment l’ampleur du trafic de véhicules volés. Une activité souvent sous-estimée, mais qui s’érige pleinement dans l’économie criminelle mondiale. Derrière chaque voiture retrouvée, il y a un réseau, des complicités, des profits illégaux. Et parfois, des liens directs avec des groupes armés.