L’Université d’Abomey-Calavi a accueilli ce vendredi le tout premier numéro de l’année 2025 des « Vendredis de l’Académie ». Une initiative de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB), portée par sa Commission permanente Climat et Environnement. Cette rencontre scientifique incite à réfléchir aux liens entre environnement, société et développement durable, à travers l’éclairage de la socio-anthropologie.

Le thème de ce numéro est intitulé : « Enjeux socio-environnementaux et développement durable au service du Bénin : contribution de la socio-anthropologie ». Il a réuni des chercheurs, des étudiants, des représentants d’ONG et d’autres composantes de la société. La démarche vise à faire dialoguer les sciences humaines avec les problématiques environnementales du pays. Plusieurs communications ont marqué cette journée. La professeure Sidonie Clarisse Hedible a, dans sa communication, souligné la place des socio-anthropologues dans la gestion durable des ressources. Selon elle, ces professionnels jouent un rôle de médiation entre les politiques publiques et les réalités locales. « Pour éviter les échecs, il faut comprendre les logiques sociales, les croyances, les pratiques. C’est à cette condition que les populations peuvent s’approprier les projets », a-t-elle affirmé. Elle a aussi insisté sur l’importance des méthodes participatives, du consentement éclairé et de la prise en compte des groupes vulnérables.

Les sciences sociales, une nécessité dans les politiques publiques

À son tour, Professeur Boko Michel, président de la Commission Climat et Environnement de l’ANSALB, a rappelé le rôle de cette initiative. Selon ses propos, il s’agit de faire entendre la voix des sciences sociales dans les décisions. « Ce n’est pas avec les mathématiques qu’on règle les conflits liés aux traditions. Un temple au milieu d’une voie peut bloquer un projet d’aménagement. Ce sont des réalités qu’il faut intégrer. » Même son de cloche chez l’académicien Théodore Holo, membre du collège des sciences juridiques. Présent pour écouter les propositions de ses collègues, il a relevé la place des comportements dans la gestion de l’environnement. « Les caniveaux sont nettoyés, mais les déchets y retournent. C’est un problème de perception qu’il faut corriger », a-t-il avancé pour montrer la gravité de la chose. Ce qui doit appeler à l’action urgente.

À sa suite, professeur Charles Lambert Babadjide, sociologue, a présenté un état des lieux des défis socio-environnementaux au Bénin. Entre autres, on peut citer les inondations, la pollution, l’urbanisation anarchique, l’érosion, les maladies hydriques. Il a évoqué les conséquences sur la santé, la cohésion sociale et la mobilité. Ses propositions s’articulent autour de deux axes. Le premier est la sensibilisation des populations, et le second est une meilleure planification urbaine. Selon son exposé, « il faut que les autorités locales prennent le temps de planifier avant toute installation. Cela passe par des infrastructures de base : écoles, centres de santé, réseaux d’assainissement. »

Ce premier numéro des Vendredis de l’Académie est une ouverture vers une approche plus inclusive du développement. Cette initiative met en relief les savoirs scientifiques et les connaissances sociales. L’ANSALB cherche à encourager des solutions durables, ancrées dans la réalité du terrain. Les discussions ont montré que l’environnement n’est pas qu’une question de techniques, mais aussi de comportements, de représentations et de dialogue. Le développement durable se construit aussi à partir des sciences humaines.