Le changement climatique pèse lourdement sur les pays en développement. Le Bénin, lui, n’est pas épargné. Face à l’ampleur des défis, les marchés de carbone apparaissent aujourd’hui comme une piste à explorer pour concilier développement économique et protection de l’environnement. C’est dans cette dynamique que la Commission Permanente Climat et Environnement de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) a organisé un atelier du 28 au 30 juillet 2025 à la salle média de l’URMAPHA, sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi.

L’atelier a été ouvert par le président perpétuel de l’Académie, le professeur Michel Boko. Durant trois jours, les participants vont analyser les enjeux, les défis et les perspectives liés à la production et à la valorisation des crédits carbone au Bénin. Parmi les thématiques abordées, figurent la cartographie des formations végétales à fort potentiel de séquestration de gaz à effet de serre, l’évaluation des stocks de carbone et la structuration d’un modèle de projet carbone pour le pays.

Le professeur Vincent Orékan, du département de géographie et aménagement du territoire à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales (FASHS) d’Abomey-Calavi, a rappelé que le Bénin fait face à une déforestation persistante et à une érosion des sols qui fragilisent les bases de son économie agricole. Dans ce contexte, les marchés carbone représentent une opportunité de financement pour des projets à impact environnemental.

Quant à Dr Armelle Sabine Yéligan Hounkpatin Kouassi, maître de conférences en sciences de l’environnement à l’Université Nationale des Sciences, Technologies ingénieries et mathématiques (UNSTIM), elle a exposé l’importance de l’évaluation des stocks de carbone répartis dans les différents écosystèmes du pays. Elle a aussi insisté sur le lien entre les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique.

Dr Victorin Dougnon, du département de génie de biologie humaine à l’École de Polyclinique de l’Université d’Abomey-Calavi, a partagé une étude sur la capacité de séquestration des espèces végétales en milieu urbain. Ses observations couvrent les villes de Cotonou, Porto-Novo, Ouidah et Parakou.

Le coordonnateur de l’ONG Eco-Bénin, Gauthier Koffi Amoussou, a présenté une évaluation de l’offre actuelle du Bénin sur le marché carbone. Son intervention s’est appuyée sur des études de terrain réalisées dans les forêts, les mangroves, les zones agroforestières et les milieux agricoles.

De son côté, Denangnon Apollinaire Gnanvi, expert en planification du développement, a présenté les contours d’un modèle national de projet carbone. Il a soulevé la nécessité d’un mécanisme de compensation adapté aux réalités locales, avec des activités bien identifiées pour soutenir le dispositif.

L’atelier s’est clôturé par une table ronde. Les experts ont formulé des recommandations à l’endroit du gouvernement. Il s’agit notamment de renforcer la gouvernance autour des marchés carbone, de structurer l’offre nationale, et de mieux encadrer les acteurs locaux.

Ce cadre de réflexion a permis de poser les bases d’une stratégie béninoise en matière de carbone. Un chantier encore jeune, mais qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour un développement plus résilient face aux bouleversements climatiques.