Dans les murs feutrés de la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université d’Abomey-Calavi, ce lundi 31 mars 2025, un moment de vérité s’est joué. Celui d’un étudiant devenu docteur après six années de consécration. Hessou Horace-Marie Olouwafèmi a soutenu sa thèse de médecine avec une mention « Très honorable », assortie des félicitations du jury et d’un échange nourri autour de ses résultats. Le sujet de son étude porte sur le thème « prescription des dermo-cosmétiques et cosmétiques dans la clinique universitaire de dermatologie-vénérologie du CNHU-HKM en 2024 : indication acceptabilité et coût. » Face à un jury composé de professeurs chevronnés Aurore Ogouyemi-Hounto, Callinice Capo-Chichi, Bérénice Degboè (directrice de thèse) et Fabrice Akpadjan, le désormais docteur a présenté les fruits de sa recherche, menée sur un sujet encore peu exploré dans le contexte béninois. Il s'agit de la place des cosmétiques et dermo-cosmétiques dans la prise en charge dermatologique. Son travail s’est appuyé sur les témoignages et les parcours de 150 patients. Il a exploré comment et pourquoi les professionnels de santé prescrivent ces produits dans les soins de la peau. Au fil des données recueillies, une tendance s’est dégagée. Les cosmétiques sont fréquemment utilisés pour traiter les peaux sensibles, la dermatite atopique ou encore la xérose. Quant aux dermo-cosmétiques, ils sont surtout indiqués dans les cas d’acné et pour la protection solaire. L’étude révèle aussi des réalités parfois invisibles. Un bon taux d’adhésion aux traitements, mais une inégalité d’accès liée au coût élevé de ces produits. Pour certains patients, cette barrière financière reste un obstacle. D’où une piste de plaidoyer évoquée par docteur Hessou Horace-Marie Olouwafèmi d'intégrer ces produits dans les politiques publiques de santé ou les prises en charge assurantielles. Une contribution nationale et scientifique Interrogé sur l’apport de sa thèse, Horace-Marie répond avec clarté : « Ce travail permet de mieux comprendre les pratiques locales en dermatologie. Il propose aussi des solutions pour améliorer la relation médecin-patient et renforcer l’éducation thérapeutique. » Plus encore, son étude fournit une base à de futures recherches sur l’usage des soins cutanés en Afrique. Elle ouvre un dialogue entre science, société et santé publique. Au terme de cette soutenance, l’émotion affleure. « C’est un moment fort. Il clôture six années d’efforts, de doutes, mais aussi de progrès et de rencontres », confie Horace-Marie. Une étape se termine. Une autre commence. Le jeune médecin envisage désormais de se consacrer à la prise en charge dermatologique. Il souhaite aussi transmettre, former, et pourquoi pas s’impliquer dans des projets à portée communautaire. Dans l’amphithéâtre, au milieu des applaudissements, une certitude s’installe. La recherche, quand elle est portée par la rigueur et l’engagement, peut véritablement changer les choses. Résumé de son travail La prise en charge dermatologique intègre de plus en plus l’utilisation des cosmétiques et des dermo-cosmétiques, que ce soit pour le soin quotidien de la peau ou comme adjuvants thérapeutiques. Cette étude a analysé les prescriptions de ces produits, leurs indications ainsi que leur acceptabilité auprès des patients. Menée auprès de 150 patients, notre recherche a révélé que les cosmétiques étaient principalement prescrits pour les peaux sensibles, la dermatite atopique et la xérose cutanée, tandis que les dermo-cosmétiques ciblaient principalement l’acné et la photoprotection. L’acceptabilité des produits a été évaluée à travers plusieurs critères, incluant l’explication de la prescription, l’adhésion des patients, l’observance et la tolérance. Les résultats montrent une meilleure observance des cosmétiques par rapport aux dermo-cosmétiques, avec un taux d’adhésion globalement élevé. Toutefois, le coût des produits reste un frein pour certains patients, soulignant l’intérêt d’une meilleure accessibilité et d’une potentielle prise en charge par les assurances. Cette étude met en lumière le rôle essentiel des cosmétiques et des dermo-cosmétiques en dermatologie et la nécessité d’un accompagnement adéquat par les professionnels de la santé pour optimiser leur utilisation.