ELECTION PRESIDENTIELLE AU GABON
Brice Oligui Nguema élu président avec 90,35 % des voix, vers la fin de la transition

Brice Clotaire Oligui Nguema devient officiellement président du Gabon. Le chef de la transition a remporté l’élection présidentielle du 12 avril 2025 avec 90,35 % des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires annoncés par le ministère de l’Intérieur. Une victoire attendue, près de vingt mois après le coup d’État militaire qui avait mis fin à plus d’un demi-siècle de pouvoir de la famille Bongo. Une prouesse réalisée avec un score écrasant et une participation en recul. En effet, sur les 920 000 électeurs inscrits, le taux de participation s’est élevé à 70,4 %, en baisse par rapport à l’estimation initiale de 87 %. Parmi les huit candidats en lice, aucun n’a véritablement inquiété le favori. Alain Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre sous Ali Bongo, arrive en deuxième position avec 3,02 % des voix. Les six autres candidats ne franchissent pas la barre des 1 %. Le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme, selon plusieurs observateurs, même si des voix critiques dénoncent des irrégularités. La Cour constitutionnelle doit encore valider les résultats. Dans les rues de la capitale, les scènes de liesse se sont multipliées. À son quartier général, Oligui Nguema a été accueilli par une foule enjouée. L’ambiance était marquée par des chants, des danses et des slogans en son honneur. Des klaxons ont résonné dans la ville jusque tard dans la nuit. Le président élu est apparu entouré de proches collaborateurs, dont le Premier ministre Raymond Ndong Sima, pour suivre la proclamation sur écran géant. Des critiques sur le processus Malgré la ferveur, certains opposants pointent du doigt des dysfonctionnements. Jean-Remy Yama, syndicaliste, regrette que « les pratiques de l’ancien système » aient refait surface. Il estime que le général n’avait pas besoin de cela pour l’emporter. Les soutiens de Bilie-By-Nze dénoncent eux aussi des résultats « gonflés ». Ce dernier a promis une déclaration officielle dans les prochains jours. Dans ce contexte, une question se pose. Est-ce-que que le Gabon glisse dans une nouvelle ère ou une continuité ? Oligui Nguema, 50 ans, avait promis de rendre le pouvoir aux civils. Il a finalement annoncé sa candidature fin mars, après avoir quitté temporairement l’armée. Son mandat est prévu pour sept ans, renouvelable une fois, selon la nouvelle Constitution. Ancien proche du président Omar Bongo, il avait été mis à l’écart sous Ali Bongo avant de revenir au pays en 2019. Promu à la tête de la Garde républicaine, il avait mené le coup d’État du 30 août 2023, justifiant l’action de l’armée par une volonté de mettre fin au système Bongo. Un pays aux nombreux défis Le Gabon entre dans sa Cinquième République, avec un président doté de pouvoirs élargis. Le poste de Premier ministre est supprimé, remplacé par un vice-président. Mais les défis restent importants. Le pays souffre d’un chômage massif, de coupures d’électricité, de services publics défaillants, et d’une dette publique estimée à plus de 73 % du PIB. Près d’un tiers des Gabonais vit sous le seuil de pauvreté, malgré les ressources naturelles du pays. Dans son premier discours, Oligui Nguema a remercié « la maturité du peuple gabonais » et appelé à l’unité. Il a demandent d’attendre la confirmation des résultats avant de célébrer la victoire.
Commentaires (0)
Soyez le premier à commenter cet article