Sciences et intelligence artificielle
L’ANSALB s’interroge sur l’avenir de l’enseignement scientifique

Les communicateurs
À l’heure où la crise de l’enseignement scientifique ne cesse d’inquiéter, chercheurs, enseignants et étudiants se sont donné rendez-vous ce vendredi 11 juillet 2025 à l’Université d’Abomey-Calavi. Un rendez-vous scientifique pour réfléchir collectivement à un changement de paradigme. C’était à l’occasion d’un numéro spécial du projet « Vendredi de l’Académie », organisé sous l’égide de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) à travers son institut CESAME-BENIN.
Dans l’enceinte de l’amphithéâtre Idriss Deby, les participants ont échangé autour d’un thème d’une brûlante actualité. Le thème est intitulé « Enjeux et défis de l’enseignement des mathématiques et des sciences pour le développement d’une nation à l’ère de l’intelligence artificielle ». L’objectif affiché par les organisateurs est de sensibiliser, de convaincre et de mobiliser, dans l’espoir de redonner aux sciences la place qui leur revient dans la construction nationale.
Trois communications principales ont rythmé cette rencontre scientifique. Le professeur Yessoufou Akadiri a, le premier, situé le débat à travers une intervention consacrée aux « enjeux de l’enseignement des mathématiques et des sciences pour le développement d’une nation : éléments d’histoire universelle et d’actualité ». À sa suite, l’académicien Mahouton Norbert Hounkounou a passé en revue l’art de la modélisation algébrique en montrant comment les mathématiques peuvent dialoguer avec les sciences sociales et les arts. Enfin, l’inspecteur Eustache Cowovi Zinzindohoué a clôturé la série par une présentation en deux volets : « Mathématiques et sciences, outils de développement économique et social », puis « Vision et esquisse d’un plan face aux défis technoscientifiques actuels ».
Tous s’accordent sur une nécessité urgente de réenchanter l’enseignement scientifique et rallumer la flamme de la curiosité chez les jeunes générations, de plus en plus tentées de délaisser ces filières. « La science est la base de tout développement. Il faut inculquer dès le plus jeune âge la culture scientifique, pour que nos enfants deviennent des acteurs et non de simples consommateurs des technologies issues de l’intelligence artificielle », a plaidé le professeur Akadiri.
Pour inverser la tendance, l’ANSALB propose l’implantation de maisons des sciences dans chaque commune du Bénin, véritables centres d’expérimentation destinés à éveiller l’intérêt des élèves dès l’école primaire. Ces espaces seraient animés par des éducateurs spécialement formés, capables de transmettre le goût des sciences de manière vivante et accessible.
Dans son intervention au nom du président de l’ANSALB, l’académicien Brice Sinsin a pour sa part appelé à intégrer l’enseignement de l’intelligence artificielle dans toutes les filières. « Au début de l’informatique, beaucoup pensaient que cela ne concernait qu’une élite. Aujourd’hui, qui n’utilise pas un outil informatique ? Il faut toujours savoir ce que l’on cherche, même lorsque l’on recourt à l’intelligence artificielle », a-t-il insisté. Une manière pour souligner l’importance de former des esprits critiques et créatifs.
Enfin, le vice-recteur Patrick Houessou, représentant le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, a salué l’initiative. Il a réaffirmé l’engagement de l’UAC à soutenir toutes les actions visant à renforcer l’enseignement scientifique. Il n’a pas manqué d’apporter sa contribution au débat scientifique. Ce numéro de « Vendredi de l’Académie » aura permis de rappeler que la promotion des sciences est une responsabilité partagée. Un défi majeur, à relever ensemble, pour garantir au Bénin une place active et non subie dans l’ère de l’intelligence artificielle.
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